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Changement climatique : l’inexorable raréfaction des records de froid

La vidéo a été enregistrée en plein Pacifique, à la limite de la zone des glaces, sur un trimaran réalisant le tour du monde par les trois caps. « Le jour se lève par 57° sud, c’est quasi le plus sud où je vais aller. (…) On est à la latitude du cap Horn, et il fait 14 °C, c’est complètement dingue. (…) Je suis déjà passé par là et j’ai des souvenirs de froid et de grand froid », raconte Charles Caudrelier, skippeur en solitaire, en tête de l’Arkea Ultim Challenge, le 30 janvier. Même en plein été austral, la douceur intrigue ces coureurs professionnels habitués aux vents glacés des océans qui ceinturent l’Antarctique, aux confins australs du monde.
Comme les quatre autres marins encore engagés, M. Caudrelier a pu mesurer l’un des effets mécaniques du changement climatique : les épisodes de froid et les records de basses températures sont en voie de disparition dans toutes les zones de la planète.
En France, les stations de Météo-France ont ainsi recensé 55 records de froid mensuels contre 2 451 records de chaud sur toute l’année 2023. Janvier 2024, malgré un « épisode hivernal » en début de mois, a connu seulement neuf records de froid contre 170 records de chaud. Et Météo-France a tenu à relativiser le record absolu mesuré en plaine cet hiver, à Arras (– 14,7 °C, le 19 janvier), puisque la station n’est en activité que depuis 1987, deux ans après le dernier hiver très rigoureux de janvier 1985.
Avec le redoux, janvier figure une nouvelle fois au-dessus des normales de saison, comme tous les mois depuis février 2022, excepté avril 2023. Cette tendance se poursuit en ce mois de février, période exceptionnellement douce. Des observations qui confirment les analyses des scientifiques. « Il est pratiquement certain que les froids extrêmes (y compris les vagues de froid) sont devenus moins fréquents et moins importants », peut-on lire dans le sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
« Le fait que le climat se réchauffe induit que les extrêmes chauds ont tendance à être très élevés, alors que c’est le contraire pour les extrêmes froids, confirme François Jobard, météorologue à Météo-France, qui a l’habitude de publier sur les réseaux sociaux des photos anciennes de son Jura natal enneigé. Les situations qui pourraient générer des records sont théoriquement toujours possibles, bien sûr, mais leur fréquence va continuer à diminuer, et leur probabilité devenir de plus en plus infime. »
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